14 juillet 2024, Paris,
Avenue Foch, trois Rafale-marine clôturent le traditionnel défilé de la Fête Nationale.
Bien avant d'entrer dans le club des pays "dotés", la France a développé une industrie aéronautique de premier plan dont Dassault est resté, à part, le fer de lance. Dans les années 60 (et jusqu'en 1994), son dernier né, le Mirage III, devient une composante majeure de l'autonomie de la Diplomatie Française
aéroportée. Dans le giron de l'avionneur, une myriade d'équipementiers spécialisés (et stratégiquement indépendants) contribue à ce succès en fournissant des solutions
spécifiques d'avionique (comme les
horizons artificiels...), à la hauteur de ces défis technologiques inédits.
C'est ainsi que SARAM, Société d'Applications Radioélectriques à l'Aéronautique et à la Marine , fondée en 1936, par M. Merles, ingénieur aux Transmissions Militaires, et ancien de chez BRONZAVIA, à Asnières (Hauts-de'-Seine), non loin de l'usine historique Dassault Aviation d'Argenteuil, s'est penchée sur l'étude d'un transceiver VHF - UHF (émetteur-récepteur) exploité dans les liaisons radio AIR/SOL et AIR/AIR. Le système devra - à base d'une synthèse de fréquences EXCLUSIVEMENT analogique - être capable de générer des milliers de canaux radio au pas de 50kHz (19 canaux par MHz...), avec 20 présélections programmables, à tubes (donc immunisés contre l'EMP), et avec la fiabilité totale exigée dans un combat aérien à Mach 2,2.... L'avion ne pèse que 6 tonnes à vide.
Le problème semble insoluble: c
omment produire ces centaines de canaux à partir d'un nombre réduit de fréquences primaires fixes, limité à 22? La solution réside dans une exceptionnelle matrice combinant électromécaniquement des additionneurs, des soustracteurs et des multiplicateurs de ces 22 sources ... activée depuis un panneau de commande (compact dans un cockpit surencombré..) à roues codeuses.
Le pari était insensé, mais il a été gagné. Excluant par nature toute forme d"asservissement, la qualité de la taille des cailloux (à côté de Fontainebleau) est déterminante dans la stabilité en fréquence et donc en bruit de phase du dispositif. Le niveau d'intégration et de compacité du tiroir sont remarquables.
Qui est le génie, expert du Chiffre, qui a pondu, au crayon à papier et à la gomme, à une époque où la calculatrice de poche et les tableurs n'ont pas encore été inventés (et bien avant la formulation de la recette de l'omelette aux oeufs de cheval par ChatGPT !) l'algorithme de la grille du plan de fréquences? Mystère (... 20 bien sûr!)
Autre point remarquable: les circuits d'accord motorisés des têtes RF RX et TX ... de quoi rendre blêmes les Sequerra et autres Mac ... Il faut maintenir la Z de 50 ohms sur une antenne large bande dans une plage de fréquences s'étalant sur près de 200MHz . Cette antenne est intégrée à l’empennage, mettant à profit l'extension "virtuelle" du plan de masse électrique produite par le plasma de la post-combustion du réacteur. Dé-lire total. Malgré tout, chaque nouvel accès à une fréquence nécessite (sans doute ?) environ 3 secondes de "mise à la clé" et donc de "silence radio", temps nécessaire à la rotation de tous les sélecteurs à impulsion pour atteindre leur nouvelle position nominale (cela doit cliqueter de partout ..) .
Un dynamotor (le cylindre en
face avant) convertit le 26volts 400Hz en haute tension nécessaire à l"alimentation des tubes subminiatures THOMSON-CSF,
sur un tapis de capas au mica argenté, et entraîne deux turbines de ventilation forcée assurant une
température ambiante stable aux 21 quartz embarqués ; le dernier, ou "master pilot TCXO", (Temperature Controlled Xtal Oscillator) car il en faut bien un (!), fonctionne quant à lui sous enceinte thermostatée autonome ... Faute d'avoir pu sauver le cordon ombilical entre les deux modules et son boîtier intermédiaire de permutations-coupleur avec le tiroir VHF (autodestructeur en cas de prise par l'ennemi) restés dans la carlingue, il est impossible, même par rétro-ingénierie (faute de documentation) de réactiver le synthétiseur pour une éventuelle translation dans la bande radioamateur 432MHz, ce qui participe au renforcement de l'inviolabilité de l'invention.
Alors, SARAM ? ça plane ! très haut ! Casquette basse Messieurs !
Un appareil rarissime, représentatif de l'ingéniosité française, tout simplement hal-lu-ci-nant !!